| Note de lecture du livre de Clément Carbonnier, Toujours moins ! L’obsession du coût du travail ou l’impasse stratégique du capitalisme français, Éditions La Découverte, 2025 |
Clément Carbonnier est économiste, professeur à l’Université Paris 8, codirecteur de l’axe socio-fiscal du Laboratoire Interdisciplinaire d’Évaluation des Politiques Publiques (LIEPP) de Sciences Po Paris. Il est l’auteur de Le Retour des domestiques (Seuil, 2018, avec Nathalie Morel) et de Les Femmes, les Jeunes et les Enfants d’abord (PUF, 2022, avec Bruno Palier). Il a récemment codirigé l’ouvrage Les politiques publiques par la défiscalisation (Presses de Sciences Po, 2025).
Un spectre hante la politique française : le spectre du coût du travail. Depuis cinquante ans, l’ensemble de nos politiques publiques poursuivent un même objectif : le réduire, dans l’espoir d’augmenter la compétitivité des entreprises et de créer de l’emploi. Baisse de cotisations sociales, gel des salaires, réduction de la protection sociale… Tout a été mis en œuvre pour compresser au maximum le prix du travail dans notre pays.
Pourtant, comme Clément Carbonnier le démontre, ces politiques sont inefficaces : elles n’ont eu aucun effet sur la création d’emplois. Pire : elles sont profondément inégalitaires, et réduisent les marges de manœuvre de l’État en le privant de ses ressources. En s’appuyant sur de nombreuses études empiriques, l’ouvrage revient avec précision sur les raisons de l’inefficacité de cette stratégie politique et la dévoile pour ce qu’elle est vraiment : une arme de la classe dominante pour gagner le conflit de répartition des richesses entre le capital et les travailleurs. Face à cette impasse, il affirme qu’une autre politique est possible pour soutenir les emplois tout en répondant aux besoins sociaux et environnementaux de notre temps.
Le département d’économie de l’Institut La Boétie publie aujourd’hui une note de lecture de cet ouvrage précieux.
I – La mise en place des politiques de baisse du coût du travail à partir des années 1970
Du keynésianisme au néolibéralisme : un changement progressif de paradigme
La baisse du coût du travail n’a pas toujours été le leitmotiv des politiques françaises. Après la Seconde Guerre mondiale, la France connaît un régime de forte croissance par accumulation, c’est-à-dire portée par la hausse quantitative des facteurs de production, capitaux et travailleurs, plutôt que par l’innovation. Cette croissance est fortement tirée par la consommation intérieure, et stimulée par des politiques keynésiennes de soutien au salaire, avec un salaire minimum élevé et un fort pouvoir de négociation des syndicats. C’est aussi l’époque du développement de la Sécurité sociale. Or, ce développement ne s’est pas seulement fait en parallèle. La protection sociale a directement soutenu la croissance économique des Trente Glorieuses, en permettant aux ménages de consommer même hors période d’activité (accidents, retraite, chômage…), et en rendant les travailleurs plus productifs grâce à une amélioration de leur santé générale.
À partir des années 1970, la donne change. Le cadre néolibéral s’impose progressivement. La crise de 1973 a marqué le coût d’arrêt de la croissance et a conduit les pouvoirs publics à enterrer toute stratégie de soutien à la demande. D’autant plus qu’en parallèle, l’ouverture progressive des marchés compromet les effets attendus d’une telle politique, car la demande intérieure risquerait de se porter davantage sur l’extérieur que sur la production nationale. De façon générale, l’ouverture du libre-échange – accentué par l’accélération de l’intégration européenne – poussent les États à vouloir augmenter leur compétitivité-prix et donc à baisser les coûts de la main-d’œuvre.
L’abandon des politiques de la demande vient aussi d’un changement des stratégies patronales. Juste après Mai 68, les patrons jouent le jeu de la négociation salariale pour contenir la contestation alors grandissante. À partir du milieu des années 1970 et en réponse à la crise, ils abandonnent ce vernis social pour basculer vers une stratégie bien plus offensive de réduction du coût du travail. Leur but est simple : conserver leurs profits dans la situation de récession qui s’installe – même s’ils préfèrent présenter la stratégie de baisse du coût du travail comme une simple mesure d’efficacité économique…
Les trois axes de la stratégie de baisse du coût du travail
La stratégie de baisse du coût du travail se compose de trois types de politiques publiques : transférer le financement de la Sécurité sociale à d’autres sources que les cotisations sociales ; diminuer les coûts de la protection sociale ; et, enfin, s’attaquer aux salaires directement. Elles ont toutes les trois été mises en œuvre l’une après l’autre des années 1970 jusqu’à nos jours.
1) Transférer le financement de la Sécurité sociale des cotisations sociales vers d’autres sources
Les politiques publiques ont d’abord cherché d’abord à réduire le poids de la Sécurité sociale dans le coût du travail : il s’agit alors de chercher des sources de financement alternatives aux cotisations sociales, jugées trop lourdes pour les entreprises. Un premier dispositif vise à transférer une partie des cotisations sociales payées sur les bas salaires vers les hauts salaires, dans les années 1980. Mais l’étape la plus importante survient en 1991, lorsque l’État crée un nouvel impôt entièrement affecté au financement de la protection sociale : la contribution sociale généralisée (CSG). Depuis sa création, le poids de la CSG dans les recettes publiques n’a fait que s’accroître : en 2024, les ressources de la CSG représentaient 5,2 points de PIB contre seulement 3 points pour l’impôt sur le revenu.
La pièce maîtresse de cette politique consiste dans les allègements de cotisations sociales. D’abord ciblés – sur les jeunes entre 1977 et 1982 puis de nouveau à partir de 1986, et sur les chômeurs longue durée (1989), ils seront ensuite élargis et généralisés. En 1993, la cotisation patronale de 5,4 % du salaire brut revenant à la CAF est supprimée pour les bas salaires. C’est la première mesure d’allègement général de cotisations sociales. Elle sera régulièrement renforcée et élargie : en 1996 ; au passage aux 35h pour les entreprises qui ne réduisent pas les salaires ; avec les allègements Fillon en 2003 ; etc. En 2013, un nouvel outil massif d’allègement de cotisations est mis en place : le CICE, crédit d’impôt compétitivité-emploi, qui coûte 20 milliards d’euros par an à l’État. Ces différents allègements généraux de cotisations sociales représentent 66,9 milliards d’euros en 2025.
En ajoutant les allègements ciblés (9,6 milliards) et le crédit d’impôt pour l’emploi d’un salarié à domicile (9,6 milliards), le total des allègements représente 83,4 milliards d’euros sur l’année. Cette somme représente 3 % du PIB. C’est 4 fois plus que la somme des dépenses publiques pour l’emploi hors incitations fiscales !
2) Diminuer les coûts de la protection sociale
Le deuxième volet de la stratégie de baisse du coût du travail vise à réduire les coûts de la protection sociale – et donc la protection sociale elle-même. Ici le raisonnement est simple : plus on réduit la Sécurité sociale, moins on a besoin de la financer. On peut donc diminuer le coût du travail autant que l’on souhaite.
Les gouvernements successifs vont s’attaquer en priorité aux deux branches les plus coûteuses de la Sécurité sociale : la santé et les retraites. Du côté de la santé, cela passe par le déremboursement de certains soins, la hausse du ticket modérateur, la restriction du périmètre du dispositif Affection Longue Durée (ALD), la mise en place d’objectifs budgétaires restreints concernant les dépenses de l’Assurance maladie, etc.
Côté retraites, l’objectif est le même : réduire les dépenses en rognant sur les conditions de fin de vie de la population. Plusieurs leviers d’action ont été utilisés de la réforme Balladur en 1993 jusqu’à la dernière réforme en 2023 : reculer l’âge légal de départ, allonger la durée de cotisation, ou encore modifier le calcul du salaire de référence pour qu’il soit moins avantageux pour les travailleurs.
3) S’attaquer aux salaires directement
Le troisième axe des politiques de réduction du coût du travail vise à réduire directement ou indirectement les salaires. Plusieurs techniques ont été mobilisés. D’abord, réformer l’assurance-chômage pour modifier le rapport de forces sur le marché du travail en faveur des employeurs – en plus de réduire directement les dépenses sociales.
Deuxièmement, modifier le rapport de force dans les négociations collectives. Autrement dit, affaiblir le pouvoir des syndicats. La loi Fillon de 2004 a ouvert la voie en détricotant partiellement le principe de faveur, selon lequel les conventions collectives et les accords d’entreprise devaient obligatoirement être plus favorables que la loi générale. L’accord national interprofessionnel de 2008, la loi El Khomri en 2016 puis les « ordonnances travail » de Macron en 2017 ont fini de l’enterrer. Résultat : les négociations salariales se font de moins en moins en faveur des travailleurs, et de plus en plus selon les intérêts patronaux.
Enfin, les gouvernements de droite successifs ont encouragé le développement des statuts d’emplois alternatifs, moins protecteur que le salariat, pour réduire le coût global du travail pour les employeurs. C’est notamment le cas du statut d’auto-entrepreneur, introduit en 2009 en France pour, initialement, « permettre aux salariés de compléter leurs revenus ». Une ambition bien loin de la réalité : aujourd’hui, moins d’un tiers des auto-entrepreneurs exercent une activité salariée en parallèle. Surtout, les deux tiers d’entre eux gagnent en moyenne seulement 800 euros par mois. Le développement de l’auto-entrepreneuriat a donc participé lui aussi, indirectement, à une baisse de la rémunération du travail.
II – Une politique inefficace et coûteuse
Cette politique s’est pourtant révélée résolument inefficace pour remplir l’objectif qu’elle se donnait : créer de l’emploi. Au niveau macroéconomique, on ne décèle aucune corrélation significative entre les moments de baisse massive du coût du travail et les variations de l’emploi ces quarante dernières années.
Dans le détail, plusieurs études empiriques démontrent l’absence d’effet des politiques de baisse du coût du travail, relève Clément Carbonnier. C’est particulièrement le cas des allègements successifs de cotisations sociales. Sur les hauts salaires, l’allègement des cotisations n’a pas augmenté les emplois, mais bien les rémunérations, pourtant déjà élevées. L’évaluation du CICE a montré que l’argent gagné par les entreprises grâce aux salariés peu rémunérés – ce sont eux qui ouvrent le droit au CICE – n’a pas été répercuté sur leurs salaires, mais sur celui des salariés fortement rémunérés. En moyenne, 50 % de l’argent perçu a servi à augmenter les hauts salaires, tandis que les 50 % restants ont été attribués aux actionnaires grâce à la hausse des profits.
Par ailleurs, contrairement à ce qu’avancent les différents gouvernements macronistes, l’allègement des cotisations sur les bas salaires n’a pas eu d’impact non plus. En 2016, France Stratégie – un organisme dépendant du Premier ministre – a produit deux évaluations de ce dispositif : l’une montre une absence totale d’impact, tandis que l’autre montre un impact extrêmement faible. Alors que le gouvernement instrumentalise cette deuxième étude pour justifier sa politique, l’Insee reproduit finalement les deux études et conclut à une absence totale d’effet du CICE sur la création d’emploi. En 2019, un rapport de l’Institut des Politiques Publiques est venu confirmer ces conclusions, montrant qu’un nouvel allègement de cotisations sur les bas salaires n’a eu strictement aucun effet sur l’emploi.
Cette inefficacité se voit d’ailleurs aussi à l’international, montre Clément Carbonnier. La Finlande et la Suède ont mis en place des politiques d’allègements de cotisations sociales assez semblables aux nôtres. Là aussi, aucun effet sur l’emploi n’a été décelé. De même, différentes études ont montré que les politiques de hausse du salaire minimum aux États-Unis n’ont eu aucun effet négatif sur l’emploi (cf. encadré).
Bref, la stratégie de baisse du coût du travail est un échec cuisant du point de vue de l’emploi, tout en pesant très lourdement sur le budget de l’État. Car aux 83,4 milliards d’allègements de cotisations s’ajoutent toutes les dépenses visant à compenser les effets négatifs de cette politique. Entre autres : l’aide au développement de la protection sociale privée (complémentaire santé et épargne retraite), les minimas sociaux et les compléments de salaires. Par exemple, la prime d’activité, créée en 2015 pour soutenir les revenus des travailleurs sans augmenter leurs salaires, coûte 10 milliards d’euros par an à l’État. Et ce, sans lui rapporter d’argent, car elle n’est pas soumise aux cotisations sociales…
FOCUS – Des salaires trop élevés ? De nombreuses études montrent que la hausse du salaire minimum n’a aucun effet négatif sur l’emploi. C’est le cas de l’étude très connue de David Card et Alan Krueger, qui a montré que la hausse du salaire minimum dans l’État du New Jersey dans les années 1990 n’avait eu aucun impact négatif sur l’emploi à la frontière à la Pennsylvanie – ce dernier ayant pourtant un coût du travail plus faible. Une autre étude, plus récente, a analysé l’ensemble des réformes du salaire minimum aux États-Unis entre 1979 et 2019. Résultat : aucune de ces réformes n’a entraîné de destruction d’emplois. Autre exemple : en 2018, la province de l’Ontario au Canada a augmenté le salaire minimum de 21 %. Suite à cela, le taux de chômage a augmenté moins fortement que dans les autres provinces ! Un autre argument régulièrement mis sur la table est l’idée que des hausses de salaires sont quoi qu’il en soit impossibles car elles provoqueraient la faillite des entreprises. Ce raisonnement est lui aussi totalement faux. Voici ce que montrent les travaux du Groupe d’experts sur le Smic, composé de membres nommés par le gouvernement lui-même
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III – Une politique inégalitaire au service du capital et des plus riches
Une hausse des inégalités
Les politiques de réduction du coût du travail ne sont pas seulement inefficaces, elles sont aussi profondément inégalitaires. Les allègements de cotisations sociales en France ont profité aux employeurs, aux actionnaires et aux salariés aisés, mais n’ont eu aucun impact sur les salaires des plus pauvres. On observe le même phénomène en Suède. Par ailleurs, la hausse d’impôt qui a servi à financer ces allègements a été majoritairement prise en charge par les salariés les moins aisés. La CSG, impôt à taux fixe (9,2 % pour les salariés) et non à taux progressif, pèse mécaniquement plus fort sur les pauvres que sur les plus aisés. Par ailleurs, si le taux de la CSG est plus élevé pour les revenus des actionnaires (17,2 %), l’imposition totale des revenus financiers est globalement bien plus faible que celle des travailleurs, notamment depuis la flat tax introduite par Macron en 2018.
Surtout, ces politiques ont considérablement augmenté les inégalités d’accès à la protection sociale, en particulier dans le domaine de la retraite et de la santé. Les réformes successives de report de l’âge de la retraite ont touché plus durement les travailleurs pauvres que les plus aisés. Par exemple, la réforme de 2010 a entraîné une hausse de la part d’ouvriers passant par une période « ni en emploi ni en retraite » dans les quatre années précédant la retraite, ainsi qu’un allongement de cette période. Plus généralement, 56 % des ouvriers atteignent 60 ans en vie et sans incapacité contre 77 % des hommes cadres. Chez les femmes, c’est 56 % des ouvrières contre 81 % des cadres. La différence d’espérance de vie sans incapacité entre les cadres et les ouvriers est de 10,3 ans pour les hommes, et 11 ans pour les femmes.
Les politiques de baisse du coût du travail ont aussi creusé les inégalités dans le domaine de la santé. Elles ont favorisé le développement des complémentaires santé privées, mais n’ont pas permis à tous d’y accéder de la même façon. Au contraire, un large collectif de chercheurs a récemment démontré une forte hausse des inégalités dans l’accès des travailleurs à ces complémentaires. C’est notamment dû au développement de la sous-traitance : avant, un cadre et un agent d’entretien d’une même entreprise avaient le même employeur, et donc la même complémentaire. Aujourd’hui, cet agent d’entretien a de grandes chances d’être employé par une entreprise de ménage sous-traitante, qui n’offre pas le même type de complémentaire, en plus d’une moins bonne protection globale.
Enfin, en parallèle, et pour compenser ses dépenses d’allègement de cotisations sociales à hauteur de 3 % de son PIB, l’État a choisi de désinvestir massivement dans les services publics – hôpital, éducation… – entraînant une hausse massive des inégalités.
FOCUS – Deux arguments visent à minimiser les effets négatifs de ces politiques
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Se priver de ses propres marges de manoeuvre : le piège du néolibéralisme
En cherchant à tout prix à réduire le coût du travail, l’État s’est piégé lui-même. Il a instauré un système dans lequel augmenter les salaires lui devient financièrement défavorable, puisqu’il paie une part substantielle du salaire brut à la place des employeurs : pour un travailleur au Smic, c’est 40 % du salaire qui est pris en charge par l’État. Ce dernier s’enferme donc dans cercle vicieux, dans lequel toute augmentation des rémunérations lui devient financièrement défavorable, l’incitant donc à s’entêter dans une politique inefficace. En résumé : ni salaires décents, ni création d’emplois, ni protection sociale suffisante. Tel est l’horizon promis par la stratégie de la baisse du coût du travail.
Cette situation est symptomatique du néolibéralisme, qui s’accapare les moyens de l’État pour les mettre directement au service du marché et empêcher de les investir ailleurs. D’une main, arroser les entreprises d’argent public. De l’autre, liquider la protection sociale et les services publics. C’est la logique du capitalisme sous perfusion de notre époque.
Conclusion : Le prix du travail, une lutte de classes
Alors pourquoi poursuivre cette politique aussi inefficace ? D’une part, parce que la fausse croyance idéologique en l’efficacité du marché par rapport à la sphère publique est largement partagée par les néolibéraux. Mais cet entêtement est avant tout une affaire d’intérêt de classe : les politiques de baisse du coût du travail ne visent en réalité pas à améliorer la santé économique de notre pays. Elles sont surtout une arme du capital pour gagner la lutte pour le partage de la valeur ajoutée, c’est-à-dire pour le partage des richesses produites par les travailleurs. Et ce d’autant plus dans un contexte de baisse tendancielle du taux de profit, tendance longue du capitalisme déjà identifiée par Marx.
Face à cette politique absurde, il est possible de faire tout autrement, nous dit Clément Carbonnier. Si on considère que l’État doit aider la production privée, il y a mieux à faire que de subventionner aussi inutilement les entreprises, explique l’auteur. En premier lieu : assurer leurs débouchés en augmentant le pouvoir d’achat de la population, et leur permettre d’embaucher des travailleurs qualifiés et en bonne santé, grâce à des dépenses de formation et de protection sociale. Et la suppression de ces dispositifs n’entraînerait pas de catastrophe économique : il est possible de supprimer au moins 10 % des allègements de cotisations en un an sans risquer d’effet récessif sur l’économie, avant de généraliser progressivement leur suppression, démontre l’auteur.
Tout l’argent public économisé par la suppression des allègements de cotisations pourrait ainsi être réorienté vers des investissements utiles : hausse des salaires, formation, santé, recherche et développement, création d’emplois nécessaires à la bifurcation écologique… Par exemple, 13 milliards d’euros actuellement utilisés tous les ans pour alléger les cotisations peuvent être basculés pour financer directement des emplois publics utiles, sans aucune perte d’emploi privé.
Mais pour sortir du piège de la stratégie de la baisse du coût du travail, il ne s’agit pas seulement de réorienter l’argent des allègements des cotisations sociales. Il faut changer la logique globale de toutes les politiques publiques aujourd’hui contaminées par cette obsession : des politiques sociales aux politiques d’innovation, en passant par le cadre même de la relation de travail, ou encore les politiques commerciales. Bref, une bifurcation totale de notre modèle économique qui mettrait en son cœur la juste rémunération du travail et la satisfaction des besoins sociaux.
