Qu’est-ce que l’Institut La Boétie,
fondation insoumise ?

VIGNETTE SITE

L’Institut La Boétie participe à la bataille idéologique indispensable à la construction d’une majorité populaire.

Les insoumis ont choisi pour leur organisation politique d’adopter la forme mouvement plutôt que celle du parti d’avant-garde ou de notables. Le mouvement correspond à des réalités sociales changeant d’état et permet donc des formes d’engagements variables. Il n’est pas centralisé mais coordonne l’action de plusieurs espaces. Étant en perpétuelle évolution, de nouveaux éléments peuvent toujours s’ajouter pour prendre en charge de nouvelles tâches. Ils se rattachent au reste de la construction de manière plus ou moins intense selon les cas.  

Ainsi, la galaxie de l’insoumission ne se limite pas au militantisme politique entendu uniquement dans un sens classique et électoral. Au contraire, il s’agit d’une large famille culturelle, à bords flous, unie par une façon de voir la vie, le monde et l’Humanité. Cette insoumission personnelle partagée contre les dominations, les ordres injustes, les évidences obscurantistes nous conduit à défendre une organisation de la société basée sur le collectif, l’entraide, l’égalité, l’harmonie avec la nature et la libre disposition de soi. Voilà ce que sont, au sens large, les insoumis. 

En ce sens, on ne les trouve pas uniquement dans l’action politique « classique » mais dans tous les secteurs du monde social. L’enracinement, la vitalité et finalement la victoire de l’insoumission supposent ainsi d’entretenir et d’affermir les liens avec plusieurs de ces secteurs. 

C’est notamment le cas pour les milieux intellectuels et artistiques. Leurs productions contribuent à éclairer les problèmes de l’époque, à former notre conscience, notre sensibilité et à construire un horizon positif. Offrir un lieu de dialogue, d’échange et de production pour les universitaires, les professeurs, les écrivains, les artistes qui se reconnaissent dans cette famille est nécessaire pour continuer à s’alimenter mutuellement et créer du commun. L’ancienne gauche avait souffert d’un huis clos renforcé par une coupure avec le monde intellectuel, car elle était incapable d’imaginer le dialogue sans inféodation réciproque. 

Depuis, nombreux ont été ceux qui ont tenté de renouer le dialogue. Cela a notamment été le cas du mouvement altermondialiste. Les insoumis ont été de ceux-là. Les campagnes présidentielles et législatives de 2017 et 2022 ont contribué à retisser des liens par les méthodes de travail, notamment dans l’élaboration programmatique ou avec le Parlement de l’Union populaire. Des liens solides, respectueux, de confiance ont commencé à naître. Ils ouvrent la possibilité et la nécessité de structurer désormais une interface permanente, souple et ambitieuse, entre champs politique, intellectuel et artistique

C’est ce que l’Institut La Boétie, fondation insoumise, se propose de faire. Sa création a été décidée par l’assemblée représentative du mouvement insoumis il y a trois ans, années qui ont été consacrées, en parallèle des campagnes présidentielle et législatives, à réunir les conditions juridiques et financières, à nouer les contacts et à consulter pour en organiser le plan de travail.

FONCTIONNEMENT
Le fonctionnement de l'Institut la Boétie

L’Institut La Boétie, lien entre monde politique et intellectuel

 

L’Institut La Boétie se donne ainsi l’ambition d’être à la fois un lieu d’élaboration intellectuelle de haut niveau et un outil d’éducation populaire

Il est d’abord le lieu du dialogue permanent entre monde intellectuel, universitaire et culturel et combat politique. C’est là le prolongement naturel de la démarche politique qui a toujours été celle des insoumis : aborder les grands problèmes politiques contemporains grâce à un travail intellectuel exigeant et méthodique, nourri par les sciences sociales, les avancées techniques et l’observation attentive des mouvements des sociétés. 

C’est cette démarche qui a été au cœur de l’élaboration de notre programme, l’Avenir en commun, de notre travail parlementaire, à travers notamment les commissions d’enquête, ou encore de nos Amfis, qui s’ancrent un peu plus chaque année comme un haut lieu de formation et d’élaboration théorique et pratique.

À nos yeux, ce lien est indispensable pour transformer en profondeur la société comme nous le souhaitons. Les échanges que nous avons eus avec de très nombreux intellectuels ces dernières années ont forgé en nous la conviction que la recherche de ce lien était partagée des deux côtés. Bien entendu, ce lien ne peut exister qu’en posant clairement, d’une part, le principe de liberté totale de recherche des intellectuels et, d’autre part, le cadre idéologique dans lequel nous nous rencontrons. Pour notre fondation, ce cadre est celui de la famille large issue à la fois des traditions du matérialisme historique, de l’humanisme, du républicanisme, de l’écologie politique, du féminisme ou encore de l’antiracisme, et qui se retrouve ensemble dans la critique radicale du capitalisme, l’humanisme global et la planification écologique.

L’Institut La Boétie, lieu de production et de diffusion intellectuelle

 

L’Institut La Boétie est structuré autour de départements disciplinaires, dont les premiers seront consacrés à la sociologie, l’économie, la philosophie, l’histoire, la géographie ou encore la planification écologique. Ils sont animés par des binômes paritaires dont la composition illustre la recherche du lien entre intellectuels et politiques, puisqu’ils associent des intellectuels venus du champ académique, et d’autres intellectuels qui exercent aujourd’hui des responsabilités politiques. À leurs côtés, un conseil de département se charge d’animer la vie du département : il regroupe universitaires, experts, amateurs éclairés, militants volontaires pour aider à l’organisation du travail et des parlementaires souhaitant s’y impliquer.

Des laboratoires sont créés en leur sein, qui peuvent être rattachés à un ou plusieurs départements. Ces laboratoires sont la cellule de base du travail de la fondation. De forme souple, ils associent celles et ceux qui souhaitent travailler autour d’un thème particulier. Leur activité intellectuelle est entièrement libre à l’intérieur du cadre idéologique commun. 

Ce sont eux qui rythment la vie de la fondation, à travers les événements qu’ils initient – colloques, journées d’études, séminaires, auditions… – et leurs publications régulières – notes, actes, essais, livres collectifs, revues… Ces événements et publications contribuent ainsi à la mise en diffusion des idées et des productions de notre famille intellectuelle et nourrissent la bataille idéologique.

En complément de l’activité propre à chaque laboratoire et département, la fondation elle-même se donne chaque année un programme de recherche, commun à tous les départements. 

Ce programme est constitué de thèmes de recherche qui correspondent aux grandes questions que notre courant idéologique doit traiter : soit parce qu’elles sont un sujet de réflexion et de questionnement dans notre famille, notamment au sein du mouvement insoumis, et qu’elles méritent d’être instruites au plan intellectuel ; soit parce que ce sont des thématiques où la recherche est féconde mais qui ont insuffisamment irrigué dans le champ politique ; soit enfin parce que ce sont des notions que nous voulons porter haut dans le débat intellectuel, comme nous l’avons fait maintes fois par le passé, comme pour la planification par exemple.

Ce programme de recherche est établi par le conseil d’orientation de la fondation, où chaque département est représenté. À ses côtés, un conseil scientifique constitué d’universitaires reconnus, représentatif de toute la diversité de notre famille idéologique commune, est garant tant du cadre que de la méthode. Il a pour mission de donner un avis éclairé sur le travail de l’institut et de ses départements, de suggérer des directions ainsi que des thèmes de recherche.

Les partis politiques de gauche sont admis à un pouvoir de consultation de la Fondation sur les sujets pour lesquels ils préparent une prise de position. Cette consultation est possible si les divers analyses, options et points de vue établis en toute indépendance par la fondation sont ensuite portés à la connaissance des membres de ces partis.

Une fois ce programme de recherche annuel et la liste des consultations établis, le conseil d’orientation lance un processus de consultation de tous les départements et laboratoires. Chaque thème est ainsi instruit de façon pluridisciplinaire, de façon à retracer le point de vue intellectuel le plus large. Il donne lieu à des colloques, des séminaires, des auditions, des contributions de chaque département et laboratoire.

En découle une note de préconisation, élaborée de façon pluridisciplinaire, qui conduit à des publications de la fondation. Cette note est transmise aux partis de gauche qui l’ont sollicitée, et notamment au mouvement insoumis, dont elle alimente la réflexion.

Au-delà de ce programme, chaque département, chaque laboratoire de l’Institut peut en toute liberté mener son propre travail sur des thèmes qui lui paraissent d’intérêt général. 

Chaque département attribue pour un an une chaire à une ou un intellectuel de haut rang dans son domaine. Le ou la titulaire de la chaire est ainsi invité à donner dans l’année trois ou quatre cours magistraux, publics et retransmis en ligne, sur ses domaines de recherche et le croisement de ceux-ci avec les thèmes de recherche fixés par la fondation.

Une école de formation au service de l’enracinement du mouvement insoumis

 

Les chaires constituent ainsi la première brique, en quelque sorte le cours supérieur, de l’école de formation que met en œuvre, en lien avec le mouvement, la fondation. Cette école, à juste titre très attendue des insoumis, est essentielle pour l’enracinement de notre famille dans la durée.

L’école est d’abord au service des groupes d’action, qui sont et resteront le socle et le centre du mouvement insoumis. Elle leur propose des thèmes de formation, déterminés en partenariat avec la coordination des espaces : les groupes d’action peuvent, seul ou à plusieurs, solliciter l’organisation d’une formation sur le thème de leur choix, pour laquelle l’école fournit intervenant et contenus. 

L’école met à disposition des insoumis, organisés ou non dans des groupes d’action, des contenus de formation en ligne, à travers des vidéos, des kits et toutes les formes nouvelles qui aident à ce que chacun puisse s’approprier au mieux les objets pour être mieux préparé encore à l’action politique.

Elle organise, enfin, une école de cadres, qui dispense des formations longues à des promotions limitées de 70 militants insoumis. Elles et ils sont sélectionnés sur la base d’un appel à candidatures ouvert, en assurant dans chaque promotion la parité, la diversité géographique et sociale ainsi que la représentation des différents espaces militants du mouvement, du service d’ordre aux jeunes insoumis, en passant par les animateurs de groupes d’action et les élus et collaborateurs.

Le cursus de cette école de cadres est organisé en deux niveaux, élémentaire et moyen, comprenant chacun cinq week-ends de formation sur cinq mois. Les cours y suivent quatre parcours : trois théoriques, dédiés au matérialisme, à l’ère du peuple et aux enjeux contemporains et à l’humanisme global ; et un dédié aux pratiques militantes insoumises. La présence à tous les modules donne lieu à une validation et une certification.

Les cafés populaires, nouvel outil d’éducation populaire

 

La fondation et le mouvement insoumis marchent également main dans la main pour mettre en œuvre un outil nouveau à destination des insoumis : les cafés populaires. Ils sont un outil à la fois d’éducation populaire, de débats d’idées et de formation politique. Ouverts à tous les citoyens et toutes les citoyennes, ils sont organisés à l’initiative des groupes d’action. Comme pour la formation, une liste de thèmes leur est proposée, complétée selon les suggestions des insoumis ; la fondation se charge, pour chaque demande, de trouver un intervenant et d’en préparer les contenus. 

Cette nouvelle forme d’action politique, qui fait le lien direct entre action politique et débat intellectuel, vient compléter la palette des campagnes que met en œuvre le mouvement insoumis. Mouvement et fondation seront donc à l’initiative, lorsque la période le justifie, de campagnes nationales de cafés populaires sur un thème brûlant d’actualité. Les comptes-rendus de chacun de ces événements seront analysés et synthétisés au niveau national. En lien avec les travaux de la fondation, ils nourriront ainsi le débat collectif au sein du mouvement sur les grandes questions politiques du moment.

L’Académie insoumise : l’insoumission dans la culture

 

À côté des départements disciplinaires scientifiques et de l’école de formation, l’Institut La Boétie abrite aussi une Académie insoumise. Elle réunit, sur la base de l’engagement volontaire, des écrivains, des éditeurs, des cinéastes, des comédiens, etc. Sa mission est de faire vivre et donner à voir l’esprit d’insoumission et de la France populaire dans le monde de la culture. Elle le fait bien évidemment sur la base d’une totale liberté, comme pour l’ensemble des secteurs de l’Institut, sur la base d’un accord idéologique commun.

Une première tâche concrète de l’Académie est de décerner chaque année des prix littéraires, cinématographiques ou de théâtre. Ils récompensent des œuvres dont les sujets, les partis pris, l’esthétique sont considérés par l’Académie comme une contribution à la construction d’un autre monde. Elle organise annuellement un grand évènement pour la remise des prix, qui pourra également accueillir un salon, des conférences, des projections, etc. Enfin, elle a la tâche d’ouvrir et d’entretenir de manière permanente un dictionnaire insoumis recensant les mots et les définitions utiles à notre compréhension du monde et notre volonté de le transformer. 

Pour son fonctionnement, l’Académie se réunit périodiquement et organise son travail comme ses membres l’entendent. Les équipes et moyens matériels de l’Institut La Boétie sont à sa disposition. Elle peut évidemment, cheminant, décider de s’adjoindre d’autres tâches que celles qui sont listées ici.

 

Le calendrier de mise en œuvre et les premières pistes

 

Telles sont ainsi les premières tâches que se donne à réaliser notre fondation insoumise. Dès à présent, l’équipe qui se charge d’organiser sa création s’attelle à en mettre en place les premières briques. Les départements planchent déjà sur leurs premiers événements et notes, qui sont rendus publics à partir du 10 décembre. Début 2023, la composition des binômes d’animation des départements, du conseil scientifique et le calendrier des événements seront publiés. 

L’école de formation, elle, se met en place dès à présent, en lien avec la nouvelle organisation du mouvement. La sélection de la première promotion de l’école de cadres aura lieu à la mi-décembre. Les groupes d’action insoumis pourront, dès le début de l’année 2023, organiser leurs premiers cafés populaires et formations locales. 

L’année 2023 sera ainsi celle de la montée en charge progressive de l’Institut La Boétie, que nous espérons voir devenir une fondation reconnue d’utilité publique dans la prochaine année. 

Car les pistes pour la suite sont déjà nombreuses et s’enrichissent au fur et à mesure des rencontres et des discussions. Une revue intellectuelle sera très certainement à l’ordre du jour dans les prochains mois : aux côtés du site Internet, ce sera un vecteur de diffusion essentiel pour nos idées. 

D’ores et déjà des départements réfléchissent à la façon dont ils pourraient contribuer à l’essor de la recherche dans leur champ, au service de notre réflexion commune, à travers des bourses de recherche, des prix de thèse et de master, des financements de thèse. Ce sont des pistes très stimulantes dans un monde où les chercheurs, notamment les jeunes, sont confrontés à une insupportable précarité.  

Certains groupes de chercheurs, enfin, réfléchissent à la façon dont ils pourront s’intégrer aux travaux de notre fondation. Ils y seront les bienvenus, et nous leur assurons d’avance qu’ils y trouveront à la fois le soutien, l’écoute, les moyens de travailler et la liberté totale dont ils ont besoin. 

L’équipe d’organisation de la fondation continue à multiplier les rencontres pour nouer des partenariats et engager des discussions productives avec les réseaux, associations, collectifs, et personnes, en France et à l’international, qui souhaiteront travailler dans le même objectif, à la place qui leur conviendra.

Que toutes et tous en reçoivent l’assurance. L’Institut La Boétie, fondation insoumise est et restera ce lieu ouvert à toutes celles et tous ceux qui en partagent l’ambition, c’est-à-dire de faire se rencontrer les mondes intellectuel, politique et artistique qui ont en partage l’insoumission de pensée pour que se tissent des liens de travail fertiles, durables, respectueux de la place et de la liberté de chacun, avec pour seul objectif de faire progresser nos idées pour qu’elles rayonnent dans la société toute entière.

 

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