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Déployer l’école de formation en régions

Les 7, 8 et 9 juillet 2023, l’école de formation de l’Institut La Boétie a inauguré une nouvelle modalité de formation, avec trois stages de formation organisés en régions.

par L'équipe de la fondation

Après la mise en place du cursus renforcé et des formations locales à la demande début 2023, l’objectif est de permettre encore à davantage d’insoumis·es de bénéficier des formations théoriques et pratiques développées par l’Institut La Boétie. 

Pour chaque stage, c’est un groupe de 50 personnes qui a été sélectionné pour y participer, à la suite d’un appel à candidatures envoyé à l’ensemble des insoumis·es des régions concernées.

Ce rapport vise à expliquer le contenu et les objectifs des stages ainsi que le processus de sélection des candidatures.

Les stages régionaux

Les stages régionaux de formation sont un nouvel étage qui vient s’ajouter au dispositif global de formation. 

Complémentaires aux formations locales, qui sont organisées selon la demande des groupes d’action ou boucles départementales, ils sont organisés de façon centrale, selon un calendrier qui vise à couvrir l’ensemble des régions hexagonales en une année.

Il permet ainsi à 50 personnes de chaque région, qui n’ont pas la disponibilité ou n’ont pas été sélectionnées pour le cursus renforcé, de bénéficier d’un stage intensif de trois jours. 

Le programme des stages est inspiré de celui du cursus renforcé, dans une forme évidemment resserrée et volontairement dense, tenant lieu de formation intensive. Il comprend les 10 modules de formation suivants :

  • Qu’est-ce que La France insoumise : histoire et principes
  • Matérialisme
  • L’ère du peuple
  • Planification écologique
  • Contrer l’économie dominante
  • L’économie selon Marx
  • Enjeux européens
  • Militer en insoumis·e
  • Service d’ordre
  • Point sur la situation politique.

Une soirée conviviale est également prévue dans chaque stage. L’ensemble des député·es insoumis·es des régions concernées ont également été invité·es à y participer, selon leur disponibilité.

L’hébergement est pris en charge, pour les personnes qui en ont besoin, à travers des hébergements militants (appel à volontaires envoyé aux insoumis·es des villes d’accueil des stages). La restauration est prise en charge matin, midi et soir ; en revanche, le transport est à la charge des stagiaires. Aucune participation financière n’est demandée pour ces stages.

Pour permettre l’accueil des stagiaires dans de bonnes conditions pédagogiques et matérielles, chaque stage accueille 50 personnes au maximum. 

L’organisation locale – recherche et réservation des salles, de la restauration, du matériel, supervision sur place… – est assurée par une équipe de volontaires, composée cette fois-ci essentiellement des élèves de la promotion Louise-Michel qui militent dans les régions concernées. 

L’élaboration du dispositif pédagogique, la recherche des formateur·rices, la coordination des équipes locales, la composition des groupes, la coordination des hébergements militants etc. sont assurés par l’équipe de l’Institut La Boétie.  

L’appel à candidatures

Pour cette première session, trois villes ont été sélectionnées pour accueillir les stages régionaux, en fonction de leur accessibilité en transports, de la disponibilité d’équipes militantes locales pour assurer l’organisation, et correspondant à des zones différentes de l’hexagone : 

  • Lille, qui accueille le stage régional de formation des Hauts-de-France
  • Marseille, qui accueille le stage régional de formation de PACA
  • Nantes, qui accueille le stage régional de formation des régions Pays-de-la-Loire et Bretagne.

Un mail d’appel à candidatures a été envoyé à l’ensemble des insoumis·es de ces quatre régions le vendredi 12 mai 2023 les appelant à transmettre leur candidature via un formulaire sur Action Populaire avant le lundi 5 juin 2023. 

Durant cette période de 3 semaines, 349 personnes ont déposé leur candidature : 144 pour la région PACA, 108 pour les régions Bretagne et Pays de la Loire et 97 pour les Hauts-de-France. 

La composition des groupes

L’appel à candidatures précisait que la sélection des 50 participant·es serait effectuée « selon les mêmes critères que le cursus renforcé (parité de genre ; diversité sociale, géographique ; représentativité des différents secteurs du mouvement : membres ou non de groupes d’action, du service d’ordre, des jeunes insoumis·es, etc.) ».

Le premier critère, la parité de genre, vise à corriger le biais de genre que l’on constate dans tous les appels à candidatures. Dans un premier temps, les équipes locales sont sensibilisées en amont de l’appel à candidatures pour qu’elles proposent directement aux militantes de candidater. Malgré cette démarche spécifique, 61 % des candidatures émanent d’hommes et 38 % seulement de femmes. La composition des groupes se fait donc selon le critère de la parité stricte.

L’école de formation de l’Institut La Boétie s’inscrit dans l’histoire riche de l’éducation populaire, au service de la construction d’un bloc populaire de rupture : elle s’attache donc à ce qu’aucun de ses dispositifs de formation ne soit réservé à une élite privilégiée, en prenant en compte les biais sociaux.

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Ainsi, une attention particulière est portée aux candidatures de personnes titulaires d’un CAP, BEP, baccalauréat professionnel, technologique ou général, et non titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur. Entre les candidatures et la sélection, la part des CAP/BEP passe de 5 à 8 %, celle des baccalauréats professionnels et technologiques de 7 à 9 %, et celle des titulaires d’un baccalauréat général de 15 à 18 %. À l’inverse, les titulaires d’un diplôme du supérieur passent de 73 % des candidatures à 65 % des retenu·es. 

On trouve ainsi dans les professions des personnes retenues : ouvrier dans la logistique, maraîcher, artisans, aides soignantes, éducateur de jeunes enfants, transporteur, techniciens dans les énergies renouvelables, conducteur de machine, forgeron, technicien de maintenance ou encore vendeuse.

De la même façon, la composition porte une attention à l’équilibre en termes de niveau de revenus, afin qu’il soit le plus proche possible du peuple français.

Le critère de diversité géographique vise à permettre de constituer des groupes où chaque département des régions concernées est représenté : le stage régional constitue en effet un moment privilégié pour faire se rencontrer des militant·es de toute la région et ainsi créer des liens entre les différents départements, en complément des boucles départementales. Tous les départements étaient donc représentés lors des stages régionaux, à l’exception d’un où les candidatures se sont désistées.

La localisation des stages influe fortement sur le profil des candidatures, avec une majorité de candidat·es issu·es du département où la ville d’accueil est située. Ce biais n’a pu être corrigé que partiellement dans la composition des groupes, et nécessitera une réflexion quant au choix des villes lors des prochains stages dans ces mêmes régions.

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De la même façon, l’objectif de l’école de formation est d’irriguer chacun des secteurs du mouvement insoumis : groupes d’action, service d’ordre, jeunes, collaborateur·rices… 

Pour assurer que les stages régionaux profitent bien à l’ensemble de ces secteurs, les responsables de pôles sont contactés : en amont de façon à relayer l’appel à candidatures aux personnes impliquées dans leur pôle ; et en aval, afin de vérifier la participation effective des candidat·es à ces tâches d’une part, et d’identifier les camarades les plus actifs et actives dans ces pôles ou réseaux d’autre part.

Cela conduit donc à privilégier les candidatures impliquées dans un de ces secteurs, comme le montre l’évolution entre les candidatures et les profils retenus.

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En complément, l’engagement des candidates et candidats dans les luttes, à travers leurs engagements syndicaux, associatifs ou dans des collectifs, a également été un élément pris en compte positivement.

La composition des groupes s’est enfin attachée à l’équilibre en termes d’âge. L’âge médian des candidatures aux stages régionaux est sensiblement plus élevé que celui des candidatures au cursus renforcé : 45 ans, contre 37 pour la première promotion et 36 pour la deuxième. Cette différence s’explique sans doute par les dates, moins adaptées aux étudiant·es en particulier.

Ainsi, la composition par âge a visé à rééquilibrer, en laissant une grande place à la promotion de la jeunesse, en cohérence avec l’objectif de formation d’une génération militante faite pour incarner dans la durée les combats insoumis, mais en garantissant que toutes les tranches d’âge soient présentes dans les groupes.

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Premier bilan

À l’issue de ces trois stages, un formulaire a été envoyé à chaque participant·e pour leur demander leurs retours sur le stage, sur l’organisation pratique et sur chacun des cours. 

Les retours soulignent tous la grande qualité des intervenants et des cours, et l’immense satisfaction dans l’ensemble d’avoir pu participer à ce stage. Ils font également mention de la qualité de l’organisation et de la logistique, de la disponibilité et de la bienveillance des bénévoles et des organisateurs. 

Certain·es participant·es notent que les journées sont très longues avec un emploi du temps très dense, trop pour certains, et font part de la difficulté à rester concentré·e lors des longs cours théoriques. Cependant, d’autres insistent dans leurs retours sur le fait qu’ils et elles ont été frustré·es en même temps de ne pas avoir le temps d’approfondir davantage certains sujets.

Les cours les plus théoriques sont jugés parfois trop élémentaires, ou parfois difficiles à suivre, en fonction du parcours scolaire et de l’appétence des participant·es pour la matière (en économie notamment).

Plusieurs pistes d’amélioration sont également proposées, dont notamment : 

  • l’ajout, au début du stage, d’un temps de présentation ;
  • une attention renforcée à l’ordre des cours entre eux et à leur placement dans la journée (cours théoriques le matin, cours pratiques plutôt l’après-midi) ;
  • le renforcement de la diversité des dispositifs pédagogiques, notamment les travaux en groupe ;
  • la généralisation, dans la mesure du possible, de l’envoi en amont de supports papier, de ressources bibliographiques et de présentations. 

Les équipes d’organisation locales ont souligné, de leur côté, la bonne ambiance dans les stages, le plaisir des personnes d’y participer et la qualité des intervenant·es. 

Perspectives

L’organisation de ces trois premiers stages régionaux de formation est une étape importante franchie dans la création de l’école de formation militante de l’Institut La Boétie. 

Leur organisation représente un défi logistique, nécessitant de mobiliser une trentaine d’intervenant·es le même week-end, dans trois villes différentes, tout en gardant l’exigence de qualité qui est la marque de l’école ; d’assurer la composition des trois groupes, et les ajustements inévitables dus aux désistements ou aux non-réponses ; de coordonner trois équipes locales de volontaires en même temps ; etc.

Ils sont cependant un développement essentiel, parce qu’il permet aux formations de bénéficier progressivement à plus de personnes, de secteurs militants et de départements. Il permet aussi de mettre en situation d’organisation pratique de formation les élèves du cursus renforcé, complétant ainsi leur apprentissage et créant les conditions de la multiplication de ces dispositifs par la suite. 


Tout au long de l’année scolaire 2023-2024, de nouveaux stages régionaux de formation seront organisés, qui devraient permettre de couvrir l’ensemble des régions hexagonales d’ici l’été 2024, tout en continuant à perfectionner le dispositif en fonction des retours des participant·es et des équipes locales.

L'équipe de la fondation

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