Samedi 19 octobre à 14h, à Toulouse, l’Institut La Boétie vous invite à participer à un colloque sur les enjeux de l’exploration spatiale, ses usages, son évolution actuelle, sa bifurcation écologique. Inscription sur ce lien.
L’exploration de l’espace est à un moment charnière de son histoire. Jamais nos sociétés n’ont autant tiré profit des possibilités offertes par les applications spatiales (télécommunications, GPS, imagerie, etc.), et en même temps l’augmentation du trafic en orbite terrestre basse par les « méga-constellations » de satellites, les velléités d’accaparement capitaliste des ressources ou la militarisation sont autant de menaces. La vision d’une exploration pacifique de l’humanité dans l’espace, sanctuarisée durant la Guerre froide, est contredite par une compétition toujours plus agressive entre hyperpuissances spatiales – États-Unis d’Amérique d’un côté, Chine de l’autre, derrière lesquelles s’alignent les nations moins dotées d’un club mondial fermé.
Cette course folle à la marchandisation de l’espace n’est pas une fatalité. La planification écologique de l’industrie spatiale, solidaire d’une planification spatiale de l’écologie, fraie un autre chemin pour des programmes et missions spatiales d’intérêt général, au service de la science, de la protection de la planète et des sociétés. Pris sous l’angle du gouvernement par les besoins, la fuite en avant d’une technologie spatiale qui serait sa propre fin cesse d’être une évidence, tout comme son asservissement aux seuls intérêts économiques et financiers.
Il s’agit ainsi de rompre avec le pilotage ordinaire des activités spatiales, notamment en France où le spatial est géré par Bercy sous l’emprise d’un conformisme idéologique valorisant le modèle « New Space » de SpaceX et les promesses en l’air des start-ups. La réaffirmation de la puissance publique et de l’État stratège dans la planification des activités spatiales, quoiqu’à contre-courant d’un certain discours néolibéral qui a infusé jusque dans les directions des entreprises et organisations publiques, offre une perspective autrement plus exigeante et à la hauteur des enjeux de « durabilité » des missions et de partage équitable de l’espace.
Troisième nation ayant accédé à l’espace en 1965, la France a la responsabilité de tenir son rang et d’affirmer une vision de l’espace comme bien commun de l’humanité. Cela supposerait, entre autres, d’inscrire ces investissements dans le temps long, de défendre un savoir-faire et des industries stratégiques, mais aussi d’établir des priorités.
Les spécialistes et acteurs du spatial invités à ce colloque proposeront un inventaire des usages vertueux et des pistes d’action pour refonder l’astronautique. Il s’agit ainsi de politiser des « politiques spatiales » trop souvent confinées dans les arènes de la technocratie spatiale. Car le spatial, c’est en effet l’affaire de tous – une évidence à Toulouse, foyer historique de la communauté spatiale française.
Inscrivez-vous pour assister en présentiel.
Programme :
Introduction par Jean-Luc Mélenchon, co-président de l’Institut La Boétie.
Table-ronde n° 1 : Planifier ou start-uper ?
Avec :
- Éric Boussarie, ancien chef de programme au CNES
- Éric Peschot, CGT CNES
- Timon Vicat, membre d’Aéro Décarbo
- Thomas Meynadier, CGT Thalès Alenia Space
Animée par Hadrien Clouet, député, et Anne Stambach-Terrenoir, députée.
Table-ronde n° 2 : Conquérir ou observer ?
Avec :
- Loïs Miraux, chercheur et expert sur les enjeux environnementaux liés au secteur spatial
- Eliott Marceau, étudiant à l’ISAE-Supaéro
- Damien Desroches, CGT CNES
- Dorian Groll, sociologue, doctorant à l’EHESS
Animée par François Piquemal, député, et Emma Fourreau, députée européenne.
Table-ronde n° 3 : Planifier l’exploration spatiale
Avec :
- Irénée Régnauld, consultant et essayiste
- Isabelle Sourbès-Verger, directrice de recherche au CNRS
Animée par Arnaud Saint-Martin, député.