
Le samedi 29 mars 2025 à partir de 10h, l’Institut La Boétie organise, dans le cadre de ses consultations, un colloque exceptionnel sur l’intelligence artificielle. Il aura lieu à l’Espace Conférences, 2bis rue Mercœur, Paris 11e. L’inscription est obligatoire pour y assister.
Le 20 janvier 2025, jour de l’inauguration du second mandat de Donald Trump, au premier rang derrière le nouveau président d’extrême droite des États-Unis d’Amérique, se trouvent assis côte à côte : Jeff Bezos, patron d’Amazon, Mark Zuckerberg, patron de Meta (Facebook), Sundar Pichaï, patron de Google et Elon Musk, devenu une sorte de vice-président officieux.
Quelques jours plus tard, Donald Trump annonce dans le bureau ovale le projet Stargate : 500 milliards de dollars d’investissements pour l’intelligence artificielle, notamment en capacité de stockage de données et de calcul. Au même moment, une entreprise chinoise de la tech, DeepSeek, lance un agent conversationnel capable de résultats impressionnants pour une fraction du coût de conception et d’entrainement du célèbre ChatGPT.
Cette très courte séquence temporelle contient à elle seule beaucoup des enjeux réels ou projetés sur l’intelligence artificielle, particulièrement depuis trois ans. L’avalanche de nouvelles donne le tournis : depuis novembre 2022 et le lancement de la version grand public de ChatGPT, les grandes multinationales du numérique rivalisent en annonces tonitruantes.
L’intelligence artificielle est la technologie qui doit tout révolutionner : du travail à l’État, en passant par l’éducation, les transports et la science. Les puissants de ce monde ne semblent jamais être à court d’hyperboles pour décrire le futur grâce à l’IA, entre utopie et apocalypse. Les forgerons de cet avenir sont les milliardaires de la Sillicon Valley, seigneurs féodeaux des temps modernes, militants actifs de la dérégulation et d’une économie de la prédation. Enfin l’intelligence artificielle semble être devenue l’un des principaux enjeux de la grande compétition impériale de notre époque qui oppose la Chine et les États-Unis.
L’intelligence artificielle est à la fois partout, mais uniquement comme un outil de la classe dominante, voire d’une oligarchie très resserré. Elle a la seule maitrise des discours sur l’intelligence artificielle, de sa production ou de son déploiement.
Ce colloque a pour ambition de commencer un processus de réappropriation de l’IA, à ces différents niveaux, par le camp social populaire. Il s’agit de construire un discours critique sur l’intelligence artificielle qui aille au-delà des mystifications produites à son sujet. Pour cela, il faut d’abord prendre l’intelligence artificielle non comme un fétiche mais comme un objet historique appartenant au capitalisme numérique. À ce titre, elle doit être considérée comme un objet de critique sur le plan théorique et comme un champ de bataille sur le plan pratique.
Le programme :
Début à 10h
Introduction par Jean-Luc Mélenchon
Table ronde 1 : Sommes-nous condamnés à devenir une colonie numérique ? Numérique, IA et souveraineté
- Cecilia Rikap, économiste, co-autrice du rapport Reclaiming digital sovereignty
- Corinne Vercher-Chaptal, professeure de science de gestion
- Arnaud Le Gall, député LFI, secrétaire de la commission des Affaires étrangères
Table ronde 2 : Les réseaux sociaux peuvent-ils échapper aux milliardaires ? Rendre les réseaux sociaux à la société
- Anne Alombert, philosophe, autrice de Schizophrénie numérique : la crise de l’esprit à l’ère des nouvelles technologies
- Jean Cattan, secrétaire général du Conseil national du numérique
- Jean-Lou Fourquet, vidéaste, auteur de La dictature des algorithmes et membre de l’association Tournesol
- Marylou Le Roy, juriste, spécialiste du numérique
Table ronde 3 : Remplacer, aliéner ou émanciper : que devient le travail à l’heure de l’intelligence artificielle ?
- Antonio Casilli, sociologue, auteur de En attendant les robots : enquête sur le travail du clic
- Paola Tubaro, sociologue, directrice de recherche au sein du Laboratoire de recherche en informatique du CNRS
- Nayla Glaise, dirigeante de l’Ugict-CGT et d’Eurocadres
- Juan Sebastian Carbonell, sociologue du travail
Table ronde 4 : L’IA, pour le meilleur ou pour le pire ?
Partie 1 : Les dangers du développement de l’IA
- Hubert Guillaud, journaliste et auteur de Les algorithmes contre la société (à paraitre)
- La Quadrature du Net
- D’autres intervenant·es à venir
Partie 2 : Vers des communs de l’IA
- Stefano Zacchiroli, informaticien, membre du Laboratoire de Traitement et Communication de l’Information
- Carlo Vercellone, économiste, co-auteur de Le commun comme mode de production
- D’autres intervenant·es à venir