Cette conférence est la première d’une série de trois conférences données par Michael Löwy, titulaire de la chaire de philosophie de l’Institut La Boétie.
Qu’est-ce que l’écosocialisme ?
L’écosocialisme a pour point de départ les analyses critiques de Marx sur le « progrès destructif » capitaliste, responsable de la « rupture du métabolisme » entre les sociétés humaines et la nature. On peut considérer Marx et Engels comme des précurseurs de l’écosocialisme.
Contre le fétichisme de la marchandise et l’autonomisation réifiée de l’économie par le capitalisme, l’enjeu de l’avenir est, pour les écosocialistes, une transformation radicale du système. Les réformes partielles sont totalement insuffisantes : il faut remplacer la micro-rationalité du profit par une macro-rationalité sociale et écologique, ce qui exige un véritable changement de civilisation.
Une réorganisation d’ensemble du mode de production et de consommation est nécessaire, fondée sur des critères extérieurs au marché capitaliste : les besoins réels de la population et la sauvegarde de l’environnement.
En d’autres termes, une économie de transition au socialisme, « re-encastrée », selon le terme de Karl Polanyi, dans l’environnement social et naturel, parce que fondée sur le choix démocratique des priorités et des investissements par la population elle-même – et non par les « lois du marché » ou par un politburo omniscient.
Cette transition conduirait non seulement à un nouveau mode de production et à une société égalitaire et démocratique, mais aussi à un mode de vie alternatif, à une civilisation nouvelle, écosocialiste, au-delà du règne de l’argent, des habitudes de consommation artificiellement induites par la publicité, et de la production à l’infini de marchandises nuisibles à l’environnement.