actualité

Retour sur la séance inaugurale de l’Institut La Boétie

Le 5 février, l'Institut La Boétie ouvrait ses portes

par L'équipe de la Fondation

Le 5 février 2022, l’Institut La Boétie tenait sa séance inaugurale dans un lieu chargé d’histoire : le réfectoire des Cordeliers.

La fondation insoumise ouvrait ainsi ses portes en dévoilant son organisation, les noms de ses premiers responsables et accueillait des invités exceptionnels comme Annie Ernaux et Abdourahman Waberi, sous le patronage des co-présidents Clémence Guetté et Jean-Luc Mélenchon.

Retour sur un événement qui marque la naissance d’une structure inédite au service de la construction d’une majorité populaire.

Le réfectoire des Cordeliers, haut lieu de l’insoumission  

Le lieu de la séance inaugurale de l’Institut La Boétie n’a pas été choisi au hasard.  

Au début de la Grande Révolution, les locaux du réfectoire des Cordeliers étaient occupés par les membres de la société des Amis des droits de l’homme et du citoyen, surnommée club des Cordeliers par la suite. Ce club a accueilli certains des grands noms de la Révolution comme Camille Desmoulins, Jean-Paul Marat, Jacques-René Hébert, George Danton ou Pierre-Gaspard Chaumette.  

C’est aux Cordeliers, en 1791, qu’a été rédigée l’adresse à l’Assemblée nationale qui a amené le peuple français à abolir la monarchie. Dans cette salle a aussi été votée avant  l’Assemblée la déchéance du roi après sa fuite à Varennes. C’est également ici qu’a été lancée la première pétition pour la proclamation de la République en France.  

Histoire moins connue que celle du seul mouvement politique féminin et féministe de toute la Révolution, qui s’exprima également en ces lieux. Théroigne de Méricourt mais aussi des représentantes des classes populaires systématiquement ignorées comme Pauline Léon et Claire Lacombe ont appartenu à cette « Société des citoyennes républicaines révolutionnaires » de Paris.

 

Seance 2 2 1

C’est à Clémence Guetté, co-présidente de l’institut, que revenait la tâche d’ouvrir la séance en expliquant le fonctionnement et la palette d’activités de la fondation.

Les sept premiers départements disciplinaires – sociologie, histoire, géographie, économie, planification écologique, relations internationales et philosophie – seront complétés par des laboratoires thématiques transversaux. Les thèmes de recherches seront nourris par l’interaction entre le mouvement insoumis, le Conseil scientifique et le Conseil d’orientation de la fondation.

L’Institut La Boétie n’est toutefois pas un think tank traditionnel et va au-delà de ces missions de production intellectuelle. Il met aussi en place une école de formation pour les militants et prévoit de créer une « Académie insoumise », qui fera le lien entre les sphères culturelle et politique.

Seance 3

Au bout du compte, l’Institut La Boétie est un « lieu de réflexion et d’éducation populaire, qui accueille à bras ouverts les universitaires, les écrivains, les professeurs, les artistes, les experts et les amateurs éclairés qui se reconnaissent dans la pensée de l’insoumission », comme le résume Clémence Guetté.

Pour aller plus loin : Retrouvez l’intervention de Clémence Guetté et la présentation de l’Institut La Boétie.
Seance 4
Clémence Guetté, co-présidente de l’Institut La Boétie

Après cette introduction, place à la présentation de chacun des départements en présence de leurs co-responsables.

La géographie a ouvert le bal avec l’intervention de Cécile Gintrac, docteure en géographie urbaine, co-responsable du département. La géographie pourrait sembler au premier abord loin des enjeux politiques contemporains. Rien n’est plus faux car, comme l’explique Cécile Gintrac, « qui occupe quel espace et comment, comment nous nous déplaçons, quelles interactions avec l’environnement : ce sont là des questions très politiques ». Le premier évènement du département consacré à la mobilité des supers riches a bien illustré cette approche politique de la discipline.

Le département a annoncé la suite de son programme, avec la venue de deux des géographes les plus influents dans le monde : David Harvey et Andreas Malm, qui seront tous les deux les chaires du département de géographie. Un programme complété par Allan Popelard, l’autre co-responsable, agrégé de géographie et auteur du livre-somme Le Nouveau monde. Le département lancera notamment des travaux sur la logistique, les espaces périurbains ou encore le foncier agricole. Un colloque sera organisé en juin sur les grands projets inutiles, imposés par des grands promoteurs avec la complicité des pouvoirs publics.

Pour aller plus loin : Retrouvez l’interview des co-animateurs du département et la page du département de géographie.
Seance 5
Cécile Gintrac et Allan Popelard, responsables du département de géographie

L’économie, ensuite, avec Éric Berr, maître de conférences, et Aurélie Trouvé, députée et économiste, qui ont la charge d’animer ensemble le département. L’économie est une discipline dominée par les tenants d’une orthodoxie libérale, aussi bien dans le champ universitaire que sphère médiatique. Éric Berr dénonce ainsi des « intégristes » qui tentent « d’éradiquer toute analyse dissidente ». Faire entendre la voix de l’économie critique : voilà donc la vocation du département d’économie. Aurélie Trouvé le résume en ces termes : « il nous faut construire une hégémonie culturelle, qui remplace la compétition par la coopération, le tout marché par la socialisation ».

Les premiers travaux du département ont tracé le chemin. Les économistes du département ont produit des notes sur la taxation des superprofits, l’inflation et la réforme des retraites. Ces travaux ont été mis en valeur par la tenue d’évènements regroupant des invités de tous horizons : le grand patron Michel-Édouard Leclerc, la cheffe économiste du Trésor Agnès Bénassy-Quéré, l’économise Michaël Zemmour, la membre du secrétariat général du Conseil d’orientation des retraites (COR) Frédérique Nortier-Ribordy ou encore les dirigeants syndicaux Benoît Teste (FSU) et Frédéric Souillot (FO). La chaire du département a été attribuée à Cédric Durand, qui donnera dans ce cadre trois cours magistraux sur la critique du capitalisme numérique.

Les co-animateurs ont souligné l’apport des premiers travaux du département dans le débat public. Sur les retraites par exemple, le département a rédigé en plus de sa note des fiches argumentaires et une analyse critique de l’étude d’impact du projet de réforme. La note relative à l’inflation a, elle, fait l’objet d’une réponse d’Agnès Bénassy-Quéré. Le département veut continuer à alimenter cette réflexion en produisant notamment chaque trimestre un point de conjoncture économique.

Pour aller plus loin : Retrouvez l’interview des co-animateurs du département et la page du département d’économie.
Seance 6

Changement de plateau avec l’entrée en scène du département de sociologie. Comme le rappelle Hadrien Clouet, député, sociologue et co-animateur du département, la sociologie est souvent déconsidérée, assimilée à une simple opinion qui n’aurait aucune valeur scientifique, d’autant si les auteurs ont un engagement politique, ce qui les disqualifierait. Pour Hadrien Clouet, concilier recherche et militantisme n’est pourtant pas incompatible : « un résultat scientifique est une chose, chacun en tire ensuite ses conclusions politiques ». Jeter l’opprobre sur les sciences sociales, c’est emprunter le même chemin des régimes autoritaires qui s’y attaquent systématiquement, bien conscients de leur potentiel subversif.

Subversifs, les travaux de Marlène Benquet, co-animatrice du département et chercheuse au CNRS, le sont assurément. Elle analyse le basculement du néolibéralisme vers un régime libertarien autoritaire. Pour cela, elle s’appuie sur la façon dont une partie de la place financière londonienne a milité pour le Brexit. C’est au prisme de ce basculement, déjà intervenu en Hongrie, en Pologne et en Italie, que Marlène Benquet va retracer le court passage de Liz Truss à la tête du gouvernement britannique dans une prochaine note du département.

La séance inaugurale a également été l’occasion d’annoncer la tenue d’une journée d’études à destination des députés de la NUPES sur le thème « la gauche et les classes populaires », dans l’optique de permettre aux députés de bénéficier de l’apport des recherches en sciences sociales à ce sujet.

Pour aller plus loin : Retrouvez l’interview des co-animateurs du département et la page du département de sociologie.
Seance 7
Marlène Benquet et Hadrien Clouet, responsables du département de sociologie

L’histoire était ensuite à l’honneur, avec l’interview des co-animateurs du département Fanny Gallot, maître de conférences en histoire contemporaine, et Jean-Marc Schiappa, spécialiste de la Révolution française.

Pour Fanny Gallot, le département doit être un « outil pour celles et ceux qui sont en mouvement et qui cherchent des connaissances et des méthodes ». Dans cette perspective, la première note du département a été consacrée à l’histoire de notre système de retraites. Le prochain axe de travail sera consacré au fascisme et à l’antifascisme pour mieux combattre l’extrême-droite contemporaine.

Une des obsessions communes de l’extrême droite et du gouvernement Macron, c’est la réécriture de l’histoire de la Révolution française. Comme l’explique Jean-Marc Schiappa, « la détestation de la Révolution n’est pas seulement une détestation du passé mais surtout une crainte pour l’avenir ». C’est pourquoi le département prévoit d’organiser un événement intitulé : « Pourquoi sont-ils anti-robespierristes ? ».

Pour aller plus loin : Retrouvez l’interview des co-animateurs du département et la page du département d’histoire.
Seance 8

Plus atypique, l’Institut La Boétie s’est doté d’un département consacré à planification écologique. Il sera co-animé par Razmig Keucheyan, sociologue, spécialiste notamment de la question, et Claire Lejeune, doctorante et militante écologiste.

Pour Razmig Keucheyan, consacrer un département à la planification écologique s’inscrit pleinement dans une stratégie visant à imposer de nouveaux concepts dans le débat public. Selon lui, « une organisation politique est un intellectuel collectif, qui doit innover, et faire bouger les cadres théoriques existants ».

Claire Lejeune a pu détailler le programme du département, avec un premier évènement exceptionnel autour du concept de planification écologique qui réunira les économistes Michel Aglietta et Éric Monnet et les anciens députés, particulièrement impliqués sur ce concept, Martine Billard et Jean-Luc Mélenchon. Le département creusera ensuite de nombreux thèmes comme la planification énergétique ou bien le rôle de l’État dans l’innovation.

Pour aller plus loin : Retrouvez l’interview des co-animateurs du département et la page du département de planification écologique.
Seance 9
Razmig Keucheyan, co-responsable du département de planification écologique

Après la planification écologique, les relations internationales avec son co-animateur le député Arnaud Le Gall qui représentait le département, sa co-animatrice Nicola Bullard, chercheuse et militante altermondialiste australienne, étant en Australie à ce moment.

Les questions internationales font partie des sujets les moins bien traités dans la sphère médiatique : elles le sont non seulement trop rarement, et quand elles le sont, c’est généralement avec une approche simpliste et caricaturale. Arnaud Le Gall dénonce l’empreinte d’un manichéisme consistant à distinguer « les bons d’un côté, les méchants de l’autre » qui élude l’analyse des transformations de l’ordre international.

Pourtant, les questions nationales et internationales sont très liées et les ordres politique, économique et géopolitique étroitement imbriqués. L’exemple étranger est d’ailleurs souvent invoqué pour justifier les réformes néolibérales en France, comme on l’observe une nouvelle fois sur la réforme des retraites.

La fragmentation accélérée de la mondialisation néolibérale depuis les années 2010 sera un des axes de travail du département. Avoir une approche critique des relations internationales, c’est aussi s’intéresser « aux zones méprisées par la pensée dominante » que sont l’Asie, l’Afrique et l’Amérique du Sud. Le département prévoit par conséquent des évènements sur le retour des gauches en Amérique latine et sur la stratégie de la France en Afrique.

Pour aller plus loin : Retrouvez l’interview des co-animateurs du département et la page du département de relations internationales.
Seance 10
Arnaud Le Gall, co-responsable du département des relations internationales

Place au dernier département de l’Institut La Boétie : la philosophie. Cette discipline pourrait sembler au premier abord éloignée des réalités concrètes et dénuée d’enjeux politiques. Absolument faux, répond Isabelle Garo, grande spécialiste de Marx et co-animatrice du département. Pour elle, la philosophie « n’est pas une discipline close : c’est un foyer de questions et d’expériences partagées, réfléchies, pour contribuer à nos combats collectifs contre le saccage de l’humanité et de la nature, contre toutes les exploitations et contre toutes les dominations ». Penser et transformer le monde dans le même élan, voilà le cap du département de philosophie.

Cette vision est partagée par le co-animateur Benoît Schneckenburger, professeur de philosophie en classes préparatoires. Il plaide pour une philosophie populaire qui s’empare des préoccupations et des enjeux démocratiques. Le premier évènement prévu sur la production de l’idéologie dominante s’inscrit dans cette perspective. Une note sur la question animale et les enjeux théoriques que pose le statut de l’animal est également en cours de rédaction.

Pour aller plus loin : Retrouvez l’interview des co-animateurs du département et la page du département de philosophie.
Seance 11
Jacques Généreux et Grégory Rzepski, membres du conseil scientifique, et Mathilde Panot, présidente du groupe LFI-NUPES à l’Assemblée nationale

C’est ensuite au président fondateur de l’Institut, Bernard Pignerol, qu’est revenue la présentation d’une instance clé : le Conseil scientifique.

Les membres de ce Conseil se réuniront régulièrement pour évaluer et donner un avis éclairé sur l’ensemble des travaux des départements : publications, conférences, colloques, table-rondes, chaires, etc. Ce regard sera précieux « pour sans cesse améliorer le travail » selon Bernard Pignerol.

Le Conseil aura en parallèle un rôle de proposition de thèmes de travail pour les départements. Les premiers membres de ce Conseil qui comptera des philosophes, des économistes, des sociologues, ou encore des historiens reconnus ont été annoncés lors de cette séance inaugurale.

Le Conseil scientifique compte par exemple parmi ses premiers membres la sociologue Monique Pinçon-Charlot, l’économiste Jacques Généreux, le philosophe Michael Löwy et la sociologue Danièle Linhart.

Pour aller plus loin : Retrouvez la présentation du Conseil scientifique ainsi que la liste complète de ses premiers membres.
Seance 13
Bernard Pignerol, président fondateur de l’Institut La Boétie, membre du conseil scientifique

La présentation de l’école de formation clôture le premier acte de la séance, dédié au fonctionnement de l’Institut La Boétie. Danièle Obono, co-responsable du pôle cafés populaires, et Antoine Salles-Papou, responsable de l’école de formation de l’Institut, ont détaillé les initiatives d’éducation populaire mises en place.

Les cafés populaires seront un moment d’échange organisé par des militants insoumis et ouvert à tous les citoyens, sur des sujets d’actualité ou de plus long terme. Le but est « qu’un maximum de ces cafés populaires s’organisent dans tout le pays pour faire vivre cette effervescence de la pensée critique ».

La formation militante est une des priorités de l’institut. En plus du projet de supports numériques de formation consultables à la demande, l’école propose un catalogue de formation locale à destination des groupes d’action. Chaque militant peut demander une formation sur le site autour d’un des thèmes proposés, l’école se charge ensuite de trouver un intervenant.

Dernier volet de l’école de formation, le cursus renforcé. Antoine Salles-Papou le décrit comme une « formation théorique approfondie, très exigeante, dispensée pendant un an, un   week-end par mois ». La première promotion de 70 militants choisis parmi plus de 1 500 candidatures a fait sa rentrée en janvier. Une deuxième promotion sera ouverte en septembre 2023.

Seance 14

Pour aller plus loin : Retrouvez la présentation de l’école de formation ainsi que la page dédiée.
Seance 15
Antoine Salles-Papou, responsable de l’école de formation de l’Institut La Boétie

Seance 16
Danièle Obono, co-responsable du pôle cafés populaires de la France insoumise

Le deuxième acte de cette séance inaugurale était consacré aux discours de trois grandes figures de l’insoumission intellectuelle, artistique et politique : Abdourahman Waberi, Annie Ernaux et Jean-Luc Mélenchon.

Seance 17

Une histoire en forme de film : voilà la trame du discours d’Abdourahman Waberi, grand prix littéraire d’Afrique noire.

Cette histoire commence par un Nous. Le Nous des ronds-points, sali, combattu, étouffé avec hargne par le gouvernement. Le Nous qui attend son heure. Alors qu’un nouveau front de lutte sociale s’ouvre, « la caste des dominants est isolée dans sa forteresse ». Les mobilisations actuelles sont révélatrices. Elles déchirent le voile des mensonges du système libéral.

Nous est aussi le titre d’un documentaire d’Alice Diop sorti en 2002, véritable « flânerie Rousseauiste » le long de la ligne du RER B. On y suit le quotidien de sa soeur infirmière libérale, de son père ouvrier dans l’automobile, de sa mère femme de ménage. On y croise aussi les adeptes de la chasse à courre, « à cheval ou en 4×4 ». On y rencontre les écrivains Pierre Bergougnioux et François Masiero, porteurs d’une esthétique nouvelle et de grandes émotions.

Abdourahman Waberi conclut sur les larmes qu’a provoqué chez lui le générique de fin du documentaire : la forêt de Rambouillet s’éloigne au son de la fameuse chanson de Jean Ferrat, Ma France, dont il cite de célèbres passages.

Seance 18
Abdourahman Waberi, écrivain, grand prix littéraire d’Afrique noire

Moment exceptionnel au cours de cette séance inaugurale avec l’intervention de la prix Nobel de littérature 2022 Annie Ernaux. 

Après un hommage partagé au film d’Alice Diop, Annie Ernaux a choisi de s’exprimer sur le rapport entre la politique et son écriture. « Pourquoi je suis là ? » s’interroge-t-elle, alors que la littérature et la politique sont souvent considérées comme n’ayant rien à voir l’une avec l’autre.

Ce malentendu sur le lien entre littérature et politique pourrait venir de Stendhal et de sa célèbre citation « La politique au milieu d’un livre, c’est un coup de pistolet au milieu d’un concert », alors que son œuvre est elle-même très politique.

C’est parce que ce lien est souvent nié que la phrase « J’écrirai pour venger ma race » prononcée lors du discours du Nobel a pu choquer. L’écrivain écrit pourtant depuis un vécu, des expériences qui ont forgé une vision du monde, tout comme l’exercice du pouvoir politique s’appuie sur une vision de la société.

Écrire, c’est « choisir l’aire sociale dans laquelle on situe son langage ». Pour Annie Ernaux, il faut chercher les mots qui vont coller à la réalité et inventer des formes nouvelles. S’en tenir aux formes existantes, c’est s’enfermer dans le conservatisme.

Annie Ernaux revendique l’idéal d’égalité pour que la vie ne soit pas réservée aux hypers riches. Elle conclut sur le sens profond de son intervention : montrer aux écrivains qu’il ne faut pas avoir peur de s’engager politiquement.

Seance 19
Annie Ernaux, écrivaine, prix Nobel de littérature et Jean-Luc Mélenchon, co-président de l’Institut La Boétie

Jean-Luc Mélenchon a clôturé cette séance inaugurale par un discours marquant sur le néolibéralisme, disponible en intégralité ici.

Le co-président de l’Institut La Boétie a d’abord rappelé le glorieux passé révolutionnaire du lieu qui nous accueille avant d’expliquer la filiation de l’institut avec Étienne de La Boétie : « les voix entendues avant moi et les lieux qui nous reçoivent ont ouvert un chemin. Et nous venons assumer la continuité de son fil conducteur sous l’égide d’Étienne de la Boétie ».

Confronté à un obscurantisme à la fois politique et religieux, La Boétie n’a cessé d’affirmer la dignité de l’homme face à des tyrans « d’abord forts de notre soumission ». Pour Jean-Luc Mélenchon, nous affrontons aujourd’hui l’obscurantisme du néolibéralisme, qui vise une « soumission complète à un ordre économique destructeur de l‘humain et de la nature » au nom du marché.

Le néolibéralisme est un obscurantisme lorsqu’il freine la connaissance et empêche la circulation des savoirs. Il est un obscurantisme quand il « professe la nécessité d’une croissance productiviste sans fin dans un monde aux ressources finies ». Le néolibéralisme est encore un obscurantisme car il constitue « une négation du réel, un rideau de fumée pour masquer un détournement massif de fond public au service de la cupidité qui accumule sans aucun retour sur la société ».

À un monde où la seule valeur qui régnerait serait la marchandise, Jean-Luc Mélenchon oppose un Nouvel humanisme que le fondation doit élaborer. l’Institut La Boétie sera par conséquent « entièrement au service de la pensée critique du système dans lequel nous vivons ».

Jean-Luc Mélenchon convoque La Boétie pour conclure, avec un véritable slogan pour les prochaines mobilisation contre la retraite à 64 ans et son monde : « cessons de servir et alors nous seront bientôt libres ».

Seance 20
Jean-Luc Mélenchon, co-président de l’Institut La Boétie

L'équipe de la Fondation

Menu