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Constituer la première promotion du cursus renforcé de l’école de formation

Après le lancement, le 21 novembre, d’un appel à candidatures pour le cursus renforcé de l’école de l’Institut La Boétie envoyé à l’ensemble des insoumis·es, 1 483 insoumis·es ont déposé leur candidature. 

par Institut La Boétie

L’objectif était d’en choisir 70 pour former la première promotion de cette école, c’est-à-dire moins de 5 % du total. Une tâche considérable étant donné la très grande qualité d’ensemble de ces candidatures. Elles constituent évidemment un vivier pour les prochaines promotions et inscrivent d’ores et déjà dans la durée l’école de formation de l’Institut La Boétie. Bien entendu, passer de 1 483 à 70 candidatures, dans l’intérêt de notre force collective, doit relever de critères objectifs. Ce rapport vise à expliquer dans le détail ce processus.

L’école de formation de l’Institut La Boétie

L’école de formation militante est un des secteurs de l’Institut La Boétie, la fondation insoumise chargée de faire le lien entre le combat politique et les mondes intellectuel, universitaire et artistique pour mener la bataille culturelle. Cette école proposera à partir du début de l’année 2023, plusieurs formats de formation : 

  • Un catalogue de formations, pour permettre aux groupes d’action d’en organiser partout en France  
  • Des supports d’auto-formation, notamment vidéo 
  • Un cursus renforcé.

Le cursus renforcé est une des modalités de la formation militante. Elle demande un investissement lourd aux personnes sélectionnées. Il s’agit de dix week-ends entiers, en présentiel, à Paris pour la première promotion, répartis sur deux semestres, avec présence obligatoire à l’ensemble des cours. Le but de ce cursus est de donner des outils théoriques et pratiques à des insoumises et insoumis qui souhaitent accroître leur investissement militant pour faire avancer l’objectif commun de la révolution citoyenne.

Chaque week-end prévoit quatre cours de trois heures chacun, correspondant aux quatre parcours du cursus : matérialisme, ère du peuple et enjeux contemporains, humanisme global et pratiques militantes. Ces formats permettent d’aborder de manière approfondie chacun des enjeux ainsi que l’échange avec les formateurs et formatrices. 

Les frais de transport, d’hébergement, de restauration sont pris en charge. Une contribution progressive en fonction des revenus sera demandée aux participant·es, représentant moins de 15 % du coût complet du cursus renforcé. 

Ce sont ces contraintes pédagogiques et matérielles qui ont conduit à fixer le nombre d’élèves par promotion à 70 personnes. 

L’appel à candidatures

Malgré ces contraintes, nous avons voulu offrir la possibilité à l’ensemble des insoumis·es de candidater. Un courriel a donc été envoyé le lundi 21 novembre à l’ensemble des signataires. Chaque destinataire pouvait alors remplir un formulaire de candidature sur Action Populaire, et ce jusqu’au lundi 5 décembre. Durant cette période de 15 jours, 1 483 personnes ont envoyé une candidature en bonne et due forme. 

L’appel à candidatures précisait les critères sur la base desquels serait composée la promotion : « assurer la parité de genre, la diversité sociale, d’âge, géographique et la représentation des différents espaces militants du mouvement (groupes d’action, service d’ordre, jeunes, élu·es…) ». C’est en tentant de respecter l’ensemble de ces critères qu’a été réalisée la sélection.

Le premier critère, donc, était celui de la parité de genre : la promotion compte donc 35 hommes et 35 femmes.

La représentativité des secteurs du mouvement insoumis

Un autre critère fixé par l’appel à candidatures était « la représentation des différents espaces militants du mouvement (groupes d’action, services d’ordre, jeunes, élus…) ». Pour cela, il a d’abord été demandé aux animateurs et animatrices de ces différents pôles de relayer l’appel à candidatures et d’attirer l’attention de candidats et candidates potentiel·les sur son existence, s’agissant d’un dispositif nouveau.

Le formulaire de candidature demandait aux candidat·es d’indiquer leur participation à différents pôles. Ainsi, sur l’ensemble des candidat·es : 

  • 1 058 (71 %) sont membres ou animent un groupe d’action
  • 420 (28 %) animent un groupe d’action, dont 291 (70 %) un groupe d’action certifié
  • 386 (26 %) ont indiqué avoir été volontaires sur des événements nationaux organisés par la France insoumise
  • 210 (14 %) ont indiqué avoir été candidat·e LFI à une élection
  • 188 (13 %) ont indiqué être membres des Jeunes Insoumis·es 
  • 92 (6 %) ont indiqué être membres d’un groupe thématique 
  • 60 (4 %) ont indiqué être élu·es insoumis·es 
  • 54 (4 %) ont indiqué être collaborateurs ou collaboratrices d’élu·es ou de groupes
  • 47 (3 %) ont indiqué participer au service d’ordre de la France insoumise.

Les responsables des pôles et espaces concernés (pôle des groupes d’action, pôle des événements, comité électoral, réseau des jeunes insoumis·es, réseau des élu·es insoumis·es, service d’ordre) ont été consultés afin de vérifier leur participation effective à ces espaces et tâches, d’une part, et d’identifier les camarades les plus actif et actives dans ces pôles ou réseaux, d’autre part. 

Enfin, les jeunes ayant participé cette année aux Amfis dans le cadre du dispositif visant à inciter la participation des jeunes des quartiers populaires ont été également sollicités en vue de cet appel à candidatures.

Le processus de sélection a tenu compte de cet élément, en plus des autres critères exprimés par la suite, conduisant ainsi à la répartition suivante parmi les 70 candidatures retenues : 

  • 61 (87 %) sont membres ou animent d’un groupe d’action
  • 42 (60 %) sont animateurs ou animatrices d’un groupe d’action, dont 34 (80 %) certifié
  • 26 (37 %) ont été candidat·es LFI à une élection
  • 25 (36 %) ont été volontaires sur des événements nationaux
  • 17 (24 %) sont membres des Jeunes insoumis·es
  • 8 (11 %) sont élu·es insoumis·es
  • 8 (11 %) participent au service d’ordre
  • 8 (11 %) sont membres d’un groupe thématique
  • 7 (10 %) sont collaborateur·rices d’élu·es ou de groupe.
Répartition des candidat·es et des retenu·es parmi les secteurs

La sélection a ainsi privilégié les candidatures impliquées dans un des secteurs, considérant que ces candidatures avaient le plus besoin du soutien apporté par le cursus renforcé, ainsi que les candidat·es aux élections législatives, suivant l’objectif du mouvement de se préparer à une dissolution. Le secteur ayant connu la plus forte progression entre part des candidat·es et part des sélectionné·es est le service d’ordre (3 % des candidat·es contre 11 % des sélectionné·es), suivi par les élu·es locaux·les (de 4 à 11 %) puis des ex-candidat·es (de 14 à 37 %).

L’engagement des candidates et candidats dans les luttes, à travers leurs engagements syndicaux, associatifs ou dans des collectifs, a également été un facteur pris en compte positivement pour les candidatures, afin de favoriser la porosité du mouvement insoumis avec le mouvement social.

La représentativité géographique

L’appel à candidatures précisait également la volonté d’une « diversité géographique », faisant ainsi le lien avec l’objectif d’enracinement du mouvement posé par le texte « Pour une majorité populaire » proposé par la Coordination des espaces et enrichi par l’Assemblée représentative. 

Ce critère a été apprécié sous plusieurs angles : 

  • la représentation impérative de toutes les régions ;
  • une attention particulière portée aux quartiers populaires, d’une part, et aux départements où le bloc populaire doit s’enraciner et progresser face à l’extrême droite et aux libéraux ;
  • la recherche d’un équilibre entre régions.

Dans l’ensemble des candidatures, l’Île-de-France était très représentée (30 % des candidatures) et, dans une moindre mesure, les régions Auvergne-Rhône-Alpes (13 %), Occitanie (9,4 %), Provence-Alpes-Côte-d’Azur (8,8 %) et Nouvelle-Aquitaine (8,1 %). 

À l’inverse, les régions les moins représentées étaient le Centre-Val-de-Loire (2,9 %), la Bourgogne Franche-Comté (3,8 %), la Bretagne (4,4 %). Le travail de sélection a visé à rééquilibrer la représentation des différentes régions dans la promotion finale. 

Répartition par région des candidatures
Répartition par région des 70 de la promotion

Les élèves de la promotion sont issu·es de 42 départements. Une attention particulière a été portée à une représentation équilibrée de départements à dominante rurale, comme l’Ardèche, la Nièvre ou l’Aude, et de territoires urbains populaires comme les Bouches-du-Rhône, la banlieue parisienne, Nancy, Metz, Montpellier…

Deux candidat·es issu·es des Outre-mer et des Français·es de l’étranger s’ajoutent à la promotion. Cette sélection a été traitée de façon particulière, puisque la possibilité de suivre les cours à distance leur sera exceptionnellement offerte. Nous notons le faible nombre de candidatures issues des Outre-mer (11) : c’est un point qu’il faudra améliorer lors du prochain appel à candidatures.

La représentativité sociale

L’appel à candidatures fixait l’exigence d’une « diversité sociale ». L’école de formation de l’Institut La Boétie n’est en effet pas un cercle réservé à une élite privilégiée. Elle inscrit ses pas dans l’histoire riche de l’éducation populaire et se met au service de la constitution d’un bloc populaire qui porte la rupture avec l’ordre établi. 

Le système d’appel à candidatures, même large et ouvert et complété par des sollicitations individuelles ciblées en direction de personnes susceptibles de subir l’« autocensure », comporte nécessairement des biais sociaux. Sans surprise, par exemple, les personnes titulaires d’un diplôme professionnel du second degré (CAP ou BEP) ou d’aucun diplôme représentaient seulement 6,6 % des candidat·es, contre 39,8 % de titulaires d’un diplôme bac+5. 

Sans diplôme ou titulaire dun CAP BEP

Une attention toute particulière a donc été portée à l’examen de leurs candidatures pour tenter de corriger au mieux ce biais. 

Entre les candidatures initiales et la promotion finale, la proportion de personnes titulaires d’un diplôme professionnel du second degré (CAP ou BEP) ou d’aucun diplôme a doublé. On compte aussi, parmi les 70, 21 % de personnes titulaires d’un baccalauréat ou d’un diplôme bac+2 (BTS, DUT). Les titulaires d’un niveau master restent nombreux·ses : 40 %, soit une proportion équivalente à leur poids parmi les candidat·es. 

Parmi les métiers représentés, on compte des étudiant·es, éducateur·rices spécialisé·es, serveur·ses, ingénieur·es, photographes, caristes, secrétaires médicaux·ales, médecins, ouvrier·es de l’agroalimentaire, agents d’entretien, chargé·es de clientèle ou encore architectes.

Une attention particulière a également été portée au niveau de revenu déclaré des candidates et candidats, conduisant à une répartition par revenu proche de celle du peuple français.

Répartition des 70 candidat·es par tranche de revenu mensuel

Ainsi, l’école de formation de l’Institut La Boétie vise à faire émerger, non pas une avant-garde séparée du peuple, mais des éclaireurs et éclaireuses issu·es de lui. À l’image du groupe parlementaire LFI, elle souhaite former des militant·es aguerri·es, représentatif·ves de la population, ses métiers, ses occupations, ses lieux d’habitation, ses luttes. 

La répartition par âge

La répartition par âge montre logiquement une grande place laissée à la promotion de la jeunesse. C’est un choix assumé, cohérent avec l’objectif de formation d’une génération militante faite pour incarner dans la durée les combats insoumis. Cependant, la sélection a veillé évidemment à ce que différentes tranches d’âge soient présentes dans la promotion.

Répartition par âge

Des choix difficiles

Voilà, pour l’essentiel, comment il a été procédé pour passer de 1 483 candidat·es à 70. 

Bien sûr, malgré les très nombreuses heures de travail passées et la volonté d’être juste et impartial, le choix final reste à bien des égards critiquable et, sans doute, améliorable. La conciliation de critères nécessite toujours des choix et relève parfois de la quadrature du cercle.  

Retenir telle candidate plutôt que tel candidat se révèle parfois extrêmement difficile, tant leurs profils sont proches et prometteurs. Alors, il faut bien trouver des critères. Nous avons pensé pertinent de les expliquer, en toute transparence. En tout état de cause, la responsabilité du choix final et difficile revient à l’équipe de l’Institut La Boétie et en particulier au responsable de son école de formation, Antoine Salles-Papou, qui a en charge de trouver la meilleure adéquation possible entre la promotion et les critères et objectifs fixés par le mouvement et l’Institut à l’école de formation. Les autres personnes consultées et citées dans ce rapport l’ont été à titre de conseil et non d’un pouvoir décisionnaire. 

Pour les déçus et déçues, qui ne manqueront malheureusement pas au vu du nombre exceptionnel de candidatures : ce n’est que la première promotion. Dès l’été prochain, nous recommençons le processus pour retenir la seconde promotion, qui débutera son cursus en septembre, pendant que la première débutera son second semestre.

L’école de formation militante de l’Institut La Boétie aura une longue vie ! 

Très bientôt, vous pourrez également retrouver son catalogue de formations ouvert à tous les groupes d’action et ses supports numériques pour vous former depuis chez vous.

Institut La Boétie

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